Il souffle un vent de colère dans les communes de Brives et de Thizay. De sa maison, qui donne sur des champs à perte de vue, Alain Barreau contemple au loin les éoliennes. Ce sont celles de Saint-Georges-sur-Arnon. Elles semblent bien loin, néanmoins, elles l’inquiètent.
Dernièrement, il a appris par l’intermédiaire de son épouse, aussi maire de Brives, elle-même prévenue par le maire de Thizay, qu’un projet de parc éolien se dessinait dans les deux communes. Un mât de mesure a d’ailleurs été installé au mois de mars, à Thizay, afin de connaître avec davantage de précision le gisement de vent sur le site.
« Nous ne sommes pas anti-écologie, mais il faut que ce soit raisonnable et raisonné » Depuis, Alain Barreau et une partie des habitants de Brives et de Thizay ont basculé dans l’angoisse. « Nous ne sommes pas anti-écologie, mais il faut que ce soit raisonnable et raisonné », précise d’emblée Guy Mazzesi, habitant de Thizay, qui reconnaît « mal dormir toutes les nuits » depuis qu’il a appris cette nouvelle. « La dévalorisation des biens immobiliers, ça empêche aussi les gens de dormir, ça, on en est sûr ! »enchérit Alain Barreau. « On a tous pris des emprunts à la banque, et tout ce qu’on a fait, parfois au prix de grands sacrifices, est sur le point de tomber dans l’abyme… C’est vraiment dur à encaisser », ajoute Stéphanie Aguttes, secrétaire de l’association Assez d’éoliennes, préservons l’environnement à Brives Thizay,créée début juillet pour marquer l’opposition des habitants des deux communes à ce projet.
À partir du mois de septembre, les 125 membres de l’association se réuniront une fois tous les 15 jours pour travailler autour de thèmes bien précis.
Alain Barreau, vice-président de l’association, donne les détails de l’opération : « Nous avons créé plusieurs commissions. Un premier groupe s’occupera de la partie communication de l’association. Un second traitera de l’aspect juridique. Nous allons nous rapprocher d’avocats spécialisés dans le domaine. La dernière commission sera celle des finances. »
L’objectif étant de porter le résultat de ces travaux devant les élus : « On présentera tout ça au préfet, aux députés ainsi qu’au président du Département et aux sénateurs et sénatrices », ajoute le vice-président de l’association. La tactique est bien rôdée du côté des opposants qui se plaignent du manque de consultation dans ce dossier. À Thizay, certains habitants reprochent au maire un manque de transparence : « Il s’est un peu caché de nous donner l’information, c’est pour cette raison qu’à Thizay, on a souhaité créer rapidement une association », assure un opposant.
La population consultée début septembre Interrogé, le maire de Thizay, Roland Bregeon, se défend : « Je rappelle quand même qu’au départ, cette opération se déroule entre deux opérateurs privés. Nous n’avons pas d’emprise sur ces dossiers, ce qui rend tout cela très opaque. Au moment des élections, j’étais certain à 200 % qu’il n’y aurait pas de projet éolien sur notre territoire. » Il ajoute aussi que, sur ce type de dossier, son rôle est de « prendre de la hauteur » : « Un maire doit tenir compte de l’opinion publique, mais aussi des retombées financières pour la commune. »
Au mois de septembre, Roland Bregeon consultera les habitants grâce à un vote par correspondance. Ils seront appelés à se prononcer en faveur ou contre ce projet. « Ça restera un avis consultatif. À la fin, c’est au préfet de trancher »,prévient-il.